Pourquoi les conifères restent toujours verts
(Scandinavie)
Chaque année, à lautomne,
lorsque les jours deviennent plus courts le soleil bien
moins chaud, de nombreux oiseaux partent pour les pays
chauds afin d'y passer l'hiver. Au printemps, lorsque les températures se font plus douces, ils font le chemin à lenvers et reviennent ici, vivre un nouvel été. Les forêts qui comptent la plus doiseaux migrateurs sont les forêts du Grand Nord. Là-bas, les hivers sont rudes et le gel souvent terrible en sorte que les oiseaux pourraient y mourir de faim et de froid. Il y a bien longtemps, dans ces forêts
du Grand Nord, vivait un jeune merle. Pendant
lété, il avait bien grandi et était devenu un
merle fort et robuste qui chantait comme son père, son
grand frère, ses oncles et ses cousins. - Tu ne peux pas faire attention, abruti! s'exclama le héron en colère. Il faut bien se dire que la colère du héron cachait le fait quil se savait en faute. Notre ami, le jeune merle, sonné par
le coup, tomba sur le sol comme une feuille
dautomne. Son aile le faisait souffrir et elle
pendait bizarrement. Il avait terriblement mal. Le jeune merle était effrayé. Il navait pas le choix. Il lui fallait rester et cest bien triste quil regarda, le lendemain, ses parents et ses amis senvoler vers le ciel sans tache dAfrique. Il les regarda longtemps jusquà ce quils ne se distinguent plus dans le ciel. Le cœur gros et les plumes tristes, il se mit à la recherche d'un abri. Mais où trouver un coin pour passer lhiver dans cette grande forêt ? Il avait marché longtemps
lorsquil rencontra un vieux chêne imposant. Le chêne baissa la tête avec
indignation. Plus triste encore, le jeune merle
partit à la recherche d'un autre arbre. Il arriva
bientôt près d'un magnifique bouleau dont les feuilles
ondulaient doucement au vent. Il paraissait tellement
accueillant, tellement beau et tellement gentil que le
merle osa lui adresser la parole. Le bouleau haussa les sourcils, plissa
profondément le front et très en colère, il répondit
en agitant ses branches et en criant : Le jeune merle s'éloigna tristement. Ses pattes ne le supportaient plus tant son chagrin était devenu lourd à porter. N'y avait-il donc personne dans cette forêt qui l'aiderait à passer l'hiver? Il perdait espoir quand soudain, au détour dun sentier, il aperçut un joli saule aux branches flexibles. Sûr que celui-ci allait lui accorder sa protection! Il sentait lespoir renaître dans son petit cœur. - Dites-moi, Monsieur le Saule,
m'autoriseriez-vous à nicher durant cet hiver entre vos
branches? Je me suis cassé une aile et je ne peux
m'envoler avec les autres oiseaux vers des régions plus
chaudes. Je mourrai sûrement de froid si je ne trouve
pas d'abri. Me le permettez-vous? Je vous en prie! Fatigué, le merle s'éloigna bien
décidé à ne plus demander protection à personne
puisque de toute façon, personne ne voulait l'aider. Le septième jour, le merle arriva dans
une clairière où se tenaient trois arbres les uns à
côté des autres : un sapin, un pin et un genévrier. Le sapin, le pin et le genévrier se
regardèrent en souriant. Reconnaissant, le merle construisit son nid dans les branches du pin, juste à côté du sapin, comme celui-ci le lui avait proposé. Chaque jour, il pouvait manger des baies de genévrier. Le merle était heureux avec ses trois bons amis et, de son nid, il leur chantait chaque jour sa chanson la plus mélodieuse en guise de remerciement. Lorsque le vent du nord arriva, un frisson parcourut la forêt. Le vent souffla d'abord toutes les feuilles du chêne et les fit tourbillonner jusqu'à ce qu'elles forment un tapis sur le sol. Il s'approcha ensuite du bouleau et lui arracha également toutes ses feuilles en riant et en mugissant. Le bouleau résista de toutes ses forces, mais le vent du nord était plus fort que lui. Après son passage, le bouleau resta là, les branches nues, à frissonner de froid. Ce fut ensuite le tour du saule. Le vent du nord tourna autour de lui comme une toupie et chassa toutes ses feuilles une à une. Il arriva ensuite près du sapin, du
pin et du genévrier. Laisse ces trois arbres tranquilles, commanda-t-il. je n'ai pas pitié des autres, mais ces trois-là ont aidé un jeune merle qui demandait de l'aide. Comme récompense, ils pourront rester verts pour toujours. Le vent du nord jeta un coup d'œil étonné à travers les branches du pin. Il aperçut le
petit merle à l'abri dans son nid douillet et fut
attendri. Voilà pourquoi, depuis ce jour, tous les pins, sapins et genévriers restent aussi verts l'hiver que l'été. |