Le retour des fleurs
Conte australien
Comme il ne pouvait plus supporter les hommes et leur méchanceté, le plus puissant de tous les sorciers avait décidé de quitter son pays et de se réfugier tout au sommet de la plus haute des hautes montagnes. Aussitôt dit, aussitôt fait... Il s’en alla. Un grand malheur s’abattit sur la nature ; toutes les fleurs, celles des bois, celles des prairies, celles des collines, celles des bords de mer, celles du long des rivières et celles de lacs moururent instantanément. Il n’y en eu pas une seule qui survécut. Le pays, jadis si beau et si fleuri devint rapidement un désert. Tous les animaux, les oiseaux, les papillons, les insectes s’enfuirent après la mort des fleurs. Pour voir les fleurs, les habitants ne pouvaient user que de leur imagination. Mais les enfants, qui n’avaient jamais connu ces merveilles, ne voulaient pas croire les anciens. - Vous ne racontez que des histoires, leur
disaient-ils et ils s’en allaient tristes dans le décor triste
d’un pays sans fleurs. Les
années passèrent. Un
jour, il fut grand. Son amour des fleurs avait grandi avec lui. Il
s’en alla donc trouver sa mère et lui dit : Le
jeune homme se dirigea vers le nord. Il marcha longtemps, longtemps,
longtemps et arriva au pied d'une montagne, si haute, si haute que son
sommet était invisible. A
la fin du premier jour, il s’arrêta sur une terrasse. Le sommet de
la montagne n'était pas visible. Il en fit de même le deuxième,
puis le troisième, puis le quatrième puis le cinquième puis le sixième
jour. Il commençait à se décourager quand, au soir du septième
jour, il aperçut enfin le sommet. A force de courage et malgré la
fatigue accumulée depuis 7 jours, il parvient à l’atteindre juste
au moment où le soleil avait complètement disparu et que la nuit
avait recouvert le monstre de pierre. Arrivé tout en haut, il aperçut
une source. Il se pencha pour y boire un peu d'eau. Au premier contact
de l’eau sur ses lèvres, toute sa fatigue s’évapora. Il se
sentit fort et heureux comme jamais dans sa vie. Tout à coup, derrière
lui, il entendit une voix qui lui demanda ce qu'il était venu
chercher sur la plus haute des hautes montagnes. Alors,
le jeune homme se sentit soulevé par des mains invisibles. Il fut
transporté délicatement vers le pays des fleurs éternelles. Les
mains invisibles le déposèrent sur le sol au milieu d'un tapis de
fleurs multicolores. Le jeune homme ne pouvait en croire ses yeux. Il
y en avait tant et jamais il n'avait imaginé que les fleurs puissent
être aussi belles ! Dans l’air, un délicieux parfum flottait et
les rayons du soleil dansaient sur le sol multicolore comme des
milliers et des milliers d'arcs-en-ciel. La joie du jeune homme fut
si grande, qu'il se mit à pleurer. Le
jeune homme remercia et commença aussitôt la descente de la montagne
qui, malgré la quantité de fleurs qu'il portait, lui parut bien plus
facile que la montée. Quand
il revint dans son pays, les habitants, en apercevant les fleurs et en
respirant leur parfum, ne voulurent pas croire à leur bonheur. Puis,
quand ils surent qu'ils ne rêvaient pas, ils dirent : Et
leur pays redevint un grand jardin. Sur les collines, dans les vallées,
près des rivières, des lacs et de la mer, dans les bois, dans les
champs et dans toutes les prairies, les fleurs crûrent et se multiplièrent.
Tantôt c'était le vent du nord qui amenait la pluie, tantôt le vent
du sud, de l'est ou de l'ouest. Les oiseaux revinrent, ainsi que les
papillons et tous les insectes, et surtout les abeilles. Désormais,
les gens purent manger du miel, et la joie revint sur la terre. Quand
les hommes virent leur terre transformée grâce au jeune homme qui
avait osé ce que personne n'avait cru possible, ils lui demandèrent
d'être leur roi. II accepta et il devint un roi bon, courageux et
intelligent. Et,
comme personne ne voulait recommencer à habiter un désert et à être
privé de miel, chacun s'efforça désormais d'être aussi bon que
possible pour ne pas fâcher le grand sorcier. |