Purûravas et Urvaçi |
Il y a bien longtemps, en Inde vivait un prince dune grande beauté. Il sappelait Purûravas et était renommé dans tout son pays pour sa bonté, sa générosité, sa piété, son amour du beau et du vrai. Un jour quil chassait avec ses gens sur les bords de lHimalaya, il rencontra une meute de démons qui avait enlevé deux Apsarâ. Les Apsarâ sont des fées nées à lorigine du monde. Elles sont apparues au moment où les dieux extrayaient lambroisie du centre de la terre. Elles vivent dans le palais dor du paradis dIndra, le royaume céleste où poussent une végétation luxuriante des banians et de figuiers. Leurs amants, les Gandharva sont extrêmement jaloux. Néanmoins, de temps à autre elles descendent sur la terre pour goûter aux saveurs de lamour des mortels. Ceux quelles choisissent deviennent alors des héros. Après une bataille terrible, Purûravas réussit à délivrer les deux Apsarâ. Lune delle sappelait Urvaçi. Il se dégageait delle une telle séduction que le prince en tomba éperdument et instantanément amoureux. Jamais il navait vu une femme telle quelle. Elle était très belle, élégante, distinguée enfin, bien supérieure à toutes les femmes quil avait rencontrées jusque là. Sa taille était fine, ses hanches arrondies, ses fesses rebondies et ses cuisses musclées. Ses seins opulents, fermes et hauts dressés inspiraient lamour divin. Mais ce qui par dessus tout attirait le regard était son visage dun ovale parfait encadré dune cascade de cheveux noirs et brillants ; une bouche en pétale de lotus, des yeux de braise en amande et une carnation de miel. Les premières paroles quil lui
murmura furent des paroles damour et une
supplique : Purûravas accepta sans même savoir
quelles étaient les conditions, trop heureux
davoir enfin rencontré lAmour. Le prince ramena son aimée à Alaka où ils vécurent heureux ensemble pendant quelques semaines. Tous étaient sous le charme de lépouse de Purûravas. Les femmes de la cour essayaient de lui ressembler en tous points. Elles avaient adopté la façon de shabiller et toutes vivaient à demi nues, parées de colliers, de bracelets dor et de perles rares. Elles étaient couronnées de tiares et de couronnes de fleurs. Elles portaient des lourdes boucles doreilles et des clochettes aux chevilles. Pour tout vêtement, elles ne se drapaient que de légers pagnes recouverts de riches ceintures. La cour avait ainsi un air de paradis. Pendant ce temps, à la cour dIndra, les autres Apsarâ, les Ghandharva et les Siddha se lamentaient de la perte de Urvaçi. Sa beauté, sa gentillesse, ses chants mélodieux leur manquaient. La compagne de Urvaçi dès son retour à la cour avait raconté comment elle avait été délivrée des démons par le jeune prince et les informa de la teneur du pacte qui avait été conclu entre les deux amoureux. Les Ghandharva se réunirent et lun deux, Viçvavasu fut chargé de préparer un plan pour séparer les époux. Par une belle nuit sans lune, il
pénétra sans bruit dans la chambre des deux amants et
sempara de lun des agneaux qui se mit à
bêler. Urvaçi se réveillât. Elle se mit à
pleurer : Le prince parcourut son pays en tous
sens ; envoya des émissaires dans les pays voisins
à la recherche de sa bien-aimée sans succès. Un jour,
alors quil approchait du lac Kuruksheta, il
laperçut qui se baignait avec ses soeurs. Il la
supplia de revenir et de rester près de lui. . Le jour anniversaire de leur rencontre sur les bords du lac, le prince se rendit à Kuruksheta. Urvaçi lui remit Aysus, leur fils. Ces rencontres durent cinq ans et à chaque fois, Urvaçi remettait à Purûravas lenfant conçu de leurs amours. A la sixième rencontre, Urvaçi était
particulièrement belle. Il émanait delle une joie
qui donnait à la nature un air féerique. Elle annonça
à son époux dune voix un peu tremblante : Depuis ce jour, les amants vivent ensemble, heureux au royaume des Gandharva et nul ne pourra jamais les séparer. |