Une femme avait deux enfants
prénommés Marie-Pascale et Louis-Simon. Ils étaient
tous deux très intelligents, courageux et toujours
prêts à rendre service. Marie-Pascale était fort
jolie. Elle portait des cheveux noirs très longs et
Louis-Simon avait un regard malicieux qui le faisait
aimer de tous ceux qui l'approchaient. Un jour, leur
mère tomba gravement malade et les fit venir à son
chevet. - Mes enfants, dit-elle,
Je sens mes forces me quitter. Je crois que je vais
mourir. Ne pleurez pas, il y a un moyen pour me rendre la
santé. Au Sud du pays, sur le bord de la mer, se trouve
un château et dans ce château fleurit une rose qui
guérit. Celui ou celle qui cueille cette fleur ne doit
plus jamais craindre ni la mort ni la maladie. Je ne sais
si vous pourrez la trouver.

Les enfants décidèrent sur le champ
de trouver la rose qui guérit et partirent vers le Sud.
Ils marchèrent tout le jour et le soir, bien fatigués,
sassirent au pied dun grand arbre pour
prendre leur repas. Ils sortirent de leurs besaces les
provisions quils avaient emportées pour un si long
chemin. Il y avait de la viande, du pain, un morceau de
fromage, des pommes et quelques biscuits secs ainsi
quune outre remplie deau. Ils mangèrent de
bon appétit mais s'arrêtèrent car ils aperçurent une
vieille femme qui les regardait manger avec des yeux
remplis denvie.
Marie-Pascale qui était la gentillesse
même proposa à la vieille de venir partager leur repas.
- Ce nest pas de refus, dit la femme. Ca fait trois
jours que je nai rien pris. Jai bu seulement
un peu deau que jai trouvé dans un ruisseau.
- Asseyez-vous près de moi, dit Louis-Simon en se
poussant un peu pour que la vieille sinstalle sur
la mousse qui recouvrait le pied de larbre.
- Vous avez bon cur mes enfants, dit la vieille.
Et elle se mit à manger avec avidité. On voyait
manifestement quelle navait rien mangé
depuis plusieurs jours car elle avala la presque
totalité des vivres. Lorsquelle eût terminé son
repas, elle se leva.
- Je nai jamais fait un si bon repas et je tiens à
vous remercier. Tenez, prenez ce sifflet. Lorsque vous
sifflerez une fois, tous ceux que vous voudrez se
retrouveront figés sur place. Lorsque vous sifflerez
deux fois, les gens seront obligés de se lever et de
danser tant que vous le voudrez et si vous sifflez trois
fois, une table garnie des mets les plus fins sera
dressée à votre intention.
Louis-Simon et Marie-Pascale étaient enthousiasmés mais
lorsquils relevèrent la tête la vieille avait
disparu. Ils eurent beau la chercher de tous les côtés,
plus de trace. S'il n'y avait eu le sifflet, ils auraient
pu penser qu'ils avaient rêver.

La nuit était venue et il leur fallait
à tout prix trouver un gîte. Louis-Simon, très agile,
grimpa sur un arbre et finit par découvrir dans le
lointain, une faible lueur. Ils se dirigèrent tous les
deux vers cette lumière et arrivèrent bientôt à
proximité dune cabane. Lorsquils ouvrirent
la porte, ils trouvèrent une famille nombreuse assise
autour dune table.
Le père, assez âgé, se leva à leur entrée et leur
dit :
- Si vous vous contentez de notre humble demeure et de
notre modeste repas, vous êtes les bienvenus.
Il installa les deux enfants à la meilleure place près
du feu. Louis-Simon sans que personne ne le remarque
siffla trois fois dans son sifflet et la table se couvrit
de plats succulents servis dans de la vaisselle
dargent. La famille nen croyait pas ses yeux.
La mère ne comprenait pas.
- Je navais que du pain et un peu de pommes de
terre. Cest sans doute une fée qui a voulu fêter
votre arrivée dans notre maison.
Le lendemain matin, au moment de
prendre congé, Marie-Pascale et Louis-Simon demandèrent
au vieil homme de leur indiquer le chemin pour se rendre
vers le château qui renferme la rose qui guérit.
- Jai entendu parler souvent de ce château, dit
lhomme. Un prince et une princesse y sont endormis.
Ils ont été enfermés dans une tour par un magicien, il
y a déjà bien longtemps. Vous ne pourrez cueillir la
rose qui guérit quen les éveillant car ils sont
les seuls à connaître lendroit où la fleur se
trouve. Je crains cependant quil ne soit impossible
darriver jusquau château car vous devrez
traverser une forêt gardée par des géants. Si par
impossible, vous arriviez à les vaincre, vous vous
trouveriez aux portes du château avec un gardien pas
commode. C'est lui qui possède la clé en or qui ouvre
les portes des appartements des princes. Hélas ! le
gardien ne laisse plus sortir ceux qui y entrent et il
les garde jusquau bout de leur vie.

Marie-Pascale et Louis-Simon
remercièrent lhomme et la femme de leur accueil et
se mirent en route en direction du Sud, vers la mer. Ils
marchèrent pendant trois jours et arrivèrent à
lorée dune forêt. Ils avaient à peine fait
quelques pas dans le bois quils entendirent une
voix plus forte quun coup de tonnerre. Elle
semblait provenir du haut des arbres. En levant la tête,
les enfants aperçurent un géant plus haut que le plus
haut des arbres. Il tenait à la main une énorme massue.
- Qui vous a permis dentrer dans cette
forêt ? Encore un pas et je vous écrase comme des
fourmis, dit le géant.
Louis-Simon sortit son sifflet et siffla une fois. Le
géant se trouva pétrifié, le bras levé. Il geignait,
criait tant et si bien que ses frères ne tardèrent pas
à arriver à son secours. Louis-Simon siffla une
nouvelle fois et tous les géants se retrouvèrent
immobiles comme des statues de marbre. Les enfants
traversèrent la forêt sans encombre et arrivèrent aux
portes du château.
Ils frappèrent et un homme petit et
tout rabougri vient leur ouvrir.
- Que voulez-vous, demanda lhomme ?
- Nous voudrions rentrer dans le château de la rose qui
guérit, dirent les enfants.
Un sourire mauvais passa sur son visage. Il se retira
pour laisser passer les enfants.
- Mais entrez donc, dit-il sur un ton sarcastique.
Dès quils furent dans le donjon, la porte se
referma avec fracas et les deux enfants se regardèrent,
un peu effrayés.
- Montez, leur ordonna-t-il.
Ils pénétrèrent dans une salle immense éclairée par
dinnombrables chandeliers.
- Je suis le Seigneur de ce château. Il faut que vous
sachiez que ceux qui pénètrent ici, nen
ressortent jamais plus. Vous serez désormais mes
esclaves et vous me servirez.
Les enfants acquiescèrent tout en ne quittant pas des
yeux la clé en or suspendue au mur. Le sorcier, car
c'était un sorcier, se rendit compte de l'intérêt
qu'ils portaient à la clé et les avertit :
- Cest la clé qui ouvre les appartements où se
trouve la rose qui guérit. Si lun de vous deux
touche à cette clé, vous serez puni de mort.

Lorsque le soir vient, de nombreux
esclaves servirent le sorcier. Il appela Marie-Pascale et
Louis-Simon.
- Versez moi du vin et découpez ma viande. Jexige
que vous obéissiez à tous mes ordres. Au moindre
écart, je vous tue tous les deux.
Les enfants s'exécutèrent tout en lançant des regards
vers la clé en or.
Dès que le sorcier commença à
manger, Louis-Simon sortit son sifflet et siffla une
seule fois. Il resta figé sur place. Son bras était
immobile à hauteur de sa bouche, un cuisse de poulet à
la main. Il se mit à hurler mais personne ne put venir
à son secours ; tous les esclaves étaient eux
aussi cloués sur place. Il vociférait, tempêtait.
- Maudits enfants, si vous ne me laissez pas manger, vous
aurez un châtiment terrible.
- Mais mange donc, dit Louis-Simon en sifflant deux fois.
Le sorcier se mit à gesticuler, il mangeait à toute
vitesse, se levait, sautait, dansait. Les esclaves
amenaient des plats, les emportaient, couraient dans tous
les sens. Il avala un énorme morceau de viande et sauta
si haut quil tomba sur le sol, épuisé.
Louis-Simon et Marie-Pascale
délivrèrent tous les esclaves qui après les avoir
aidé à ficeler le sorcier senfuirent du château
aussi vite quils le purent. Ils prirent la clé et
ouvrirent la porte des appartements qui menaient à la
rose qui guérit. Ils furent émerveillés. Les pièces
dans lesquelles ils pénétrèrent étaient décorées
dobjets fabuleux, de meubles et de tapis rares.
Dans la toute dernière salle, ils trouvèrent un jeune
homme et une jeune fille endormis sur des lits en or. Ils
étaient tous deux très beaux. Ils essayèrent de les
éveiller sans succès. Marie-Pascale suggéra à
Louis-Simon dessayer de siffler avec son sifflet.
Il sexécuta et après les deux coups de sifflet,
le prince et la princesse se levèrent tous deux et se
mirent à danser.

Louis-Simon et Marie-Pascale les
arrêtèrent et leur racontèrent comme ils avaient mis
fin à lenchantement qui les tenaient prisonniers
dans le château.
- Soyez remerciés dirent le prince et la princesse. Le
petit homme a tué notre père et voulaient que nous lui
révélions lendroit où se trouve la rose qui
guérit.
- Ne craignez plus rien, il ne peut plus vous faire de
mal à présent dirent Marie-Pascale et Louis-Simon.
La jeune princesse se pencha vers son frère, lui dit
tout bas quelques mots. Ils se prirent par la main et
entre leurs doigts une rose dune beauté
exceptionnelle se mit à pousser.
- Vous nous avez délivrés et sauvés la vie, dirent les
princes, cette rose est pour vous. Nous sommes certains
que vous en ferez bon usage et ils tendirent la rose à
Marie-Pascale qui ne pouvait sempêcher de la
contempler. Elle navait jamais rien vu daussi
beau mais plus que tout, elle pensait à sa mère
quelle allait retrouver dans quelques jours et qui
grâce à cette fleur guérirait.
Ils quittèrent le château tous les
quatre. En passant dans la grande salle, il virent le
sorcier qui était mort. Il avait avalé de travers. Ils
rentrèrent au village. La mère de Marie-Pascale et
Louis-Simon guérit dès quelle vit la rose.

On ma raconté que Marie-Pascale
avait épousé le prince et Louis-Simon, la princesse. Le
repas de noces était délicieux mais je ne peux en
attester, je navais pas été invitée.
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