Cétait une
froide journée du mois de décembre. Il avait beaucoup
neigé pendant toute la nuit. Dans sa cuisine, Muriel
préparait le repas du soir tandis que son mari était
parti à la ville et que leurs trois enfants, Charlotte,
Betty et Antoine étaient à lécole.
Un bon feu réchauffait la pièce. Un bourrelet
calfeutrait les fenêtres pour que Monsieur lHiver
ne puisse entrer. Au menu du soir, il y aurait un gigot
et des haricots, un plat que tous aimaient. Pour le
goûter, elle avait confectionné un gâteau au chocolat,
le préféré des enfants. Ils seront surpris et ravis à
leur retour et Muriel se réjouissait déjà de les voir
rentrer. Dès quelle eût terminé de cuisiner,
elle rangea ses ustensiles, fit la vaisselle, traqua la
moindre poussière et donna un coup de balai. Elle aimait
que rien ne traîne. Quelle belle cuisine bien
rangée !
Elle venait à peine
de finir quand son mari rentra tenant dans ses bras leur
chat Moustache.
- Je lai trouvé sur le chemin, dit-il. Je crois
quil sest cassé la patte. Puis-je
linstaller devant le feu ?
- Oh non ! pas un chat dans ma cuisine. Je viens à
peine de remettre tout en ordre. Jaimerais mieux
quil aille dans la remise.
- Bon, réplique le mari mais cest dommage. Un chat
comme celui-ci, tu nen retrouveras pas. Cest
le champion pour attraper les souris et les rats.
Le chat émit un faible miaulement et Muriel avec un
haussement dépaule et un profond soupir accepta
" juste pour une fois ". Le mari
installa lanimal près de lâtre dans une
caisse où il avait disposé une vieille couverture.
Muriel reprit son balai et suivi les traces de son mari
alors quil séloignait.
Quelques instants
plus tard, il rentra à nouveau dans la pièce, les pieds
plein de neige. Il tenait dans ses mains 6 chiots et
était suivi par leur chienne.
- Peggy vient de mettre bas, dit-il. Il fait bien trop
froid pour quelle reste dehors avec ses petits.
Puis-je les mettre à côté du chat ?
- Oh non ! pas une chienne et six chiots dans ma
cuisine. Je viens à peine de remettre tout en ordre.
Jaimerais mieux quils aillent dans la remise.
- Bon, réplique le mari mais cest dommage. Une
chienne comme celle-ci, tu nen retrouveras pas.
Cest un excellent chien de chasse. Quand reviendra
la saison, elle ne pourra plus maccompagner. En
plus, nous aurions pu vendre ses chiots et avoir un peu
dargent.
Comme par un fait exprès, les chiots se mirent à japper
et Muriel avec un haussement dépaule et un profond
soupir accepta " juste pour une
fois ". Le mari installa les animaux devant
lâtre dans une caisse à côté du chat. Muriel
reprit son balai et effaça les traces des pas de son
mari.
Peu de temps après,
on frappa à la porte. Elle alla ouvrir et se trouva nez
à nez avec la voisine, son mari et leurs deux enfants
nouveau-nés.
- Nous devons nous rendre à la ville, dirent les
voisins. Avec ce mauvais temps, ma sur devait venir
garder les enfants. Elle na pas pu sortir de chez
elle. Ne pourriez-vous prendre les petits ? Il fait
bien trop froid pour quils nous accompagnent.
- Oh non ! je ne peux pas garder deux enfants dans
ma cuisine, dit Muriel. Je viens à peine de remettre
tout en ordre. Jaimerais mieux que vous les preniez
avec vous. Sil leur arrivait quelque chose ici, je
men sentirait responsable.
- Bon, réplique le voisin mais cest dommage.
Lorsque reviendra la bonne saison, avec quoi ferez-vous
vos confitures ? Vous navez pas darbres
fruitiers. Je ne pourrai plus vous faire plaisir.
Les bambins se mirent à brailler et Muriel avec un
haussement dépaule et un profond soupir accepta
" juste pour une fois ". Son mari
installa les deux enfants dans leurs couffins devant
lâtre à côté du chat, du chien et des chiots.
Muriel reprit son balai et effaça les traces des pas de
ses voisins.
Il était quatre
heures et les enfants nallaient pas tarder à
rentrer de lécole. Betty arriva la première
accompagnée de deux amies.
- Maman, elles ne peuvent pas rentrer chez elles toutes
seules à cause de la neige. Peuvent-elles attendre ici
leurs parents ?
- Oh non ! je ne peux pas garder ces deux fillettes
dans ma cuisine, dit Muriel. Je viens à peine de
remettre tout en ordre. Jaimerais mieux
quelles retournent à lécole où leurs
parents viendront les rechercher.
- Bon, répliquent les fillettes mais cest dommage.
Lorsque vous viendrez chercher de la viande chez notre
père, nous ne croyons pas quil trouvera encore de
bons morceaux.
Muriel avec un haussement dépaule et un profond
soupir accepta " juste pour une
fois ". Elle fit entrer les fillettes dans la
cuisine à côté du chat, du chien et des chiots et des
deux nouveau-nés puis elle reprit son balai et effaça
les traces des pas des enfants.
Charlotte arriva à
son tour. Elle ramenait un oiseau quelle avait
trouvé à la sortie de lécole. Il avait froid et
faim. Il grelottait.
- Puis-je donner à manger à cet oiseau ?
demanda-t-elle. Il semble à demi-mort.
- Oh non ! je ne veux pas dun oiseau dans ma
cuisine, dit Muriel. Je viens à peine de remettre tout
en ordre. Jaimerais mieux quil aille dans la
remise.
- Bon, réplique Charlotte mais cest dommage.
Lorsque lété reviendra, nous ne pourrons plus
entendre son doux chant mélodieux. Nos réveils ne
seront plus pareils.
Muriel avec un haussement dépaule et un profond
soupir accepta " juste pour une
fois ". La fillette installa loiseau
devant la cheminée et lui prépara une bouillie de
maïs.
Antoine rentra le
dernier avec quelques amis.
- Pouvons-nous nous réchauffer ? Nous avons fait
une bataille de neige et nous sommes tout frigorifiés
dit-il à sa mère. Nos vêtements sont trempés.
- Si vous trouvez de la place ! dit Muriel avec un
haussement dépaule et un profond soupir et les
enfants rentrèrent dans la cuisine. Elle ne ressemblait
plus du tout à une cuisine ; le sol était maculé
de taches. Il y avait du monde partout.
Muriel alla chercher
le gâteau au chocolat et distribua un morceau à chacun.
Elle rempli deau les écuelles pour les animaux et
confectionna des biberons pour les nourrissons. Tout ce
petit monde avait lair visiblement heureux. Un
brouhaha indescriptible sortait de cette cuisine. Betty
sapprocha de sa maman et lui dit :
- Ce quon se sent bien dans ta cuisine,
maman ! et elle lui donna un énorme baiser.
Muriel partit dun grand éclat de rire et
pensa :
" Mieux vaut une cuisine heureuse quune
cuisine bien nette "
Et vous ? Quen pensez-vous ?
|