LA PETITE FILLE ET LE CHIEN

 

Elle s’appelait Amina.

Petite fille brune, gaie, aux longs cheveux nattés,

elle vivait dans un village,  niché au creux de montagne

dans ce pays si beau, si sauvage et pourtant si pauvre .

On se serait cru sur une autre planète,

dans un autre monde.

Ici, la vie n’était pas simple, mais réduite aux nécessités premières,

le feu, la terre, l’air et l’eau,

les quatre éléments qui influençaient la vie.

 

Le feu venait du ciel, le soleil dardait ses rayons

dont il fallait se protéger :

hommes, plantes, animaux,

tous le craignaient !

Et pourtant, à l’ombre ou le soir, il faisait  froid,

Ce qui faisait dire aux gens : nous habitons un pays froid où le soleil est chaud !

 

La terre ocre, sableuse et rocheuse,

pouvant être fertile

quand la pluie décidait de tomber.

Hélas ! elle était plus souvent sèche, et le sol se fendillait.

 

L’air pur, le ciel bleu et les nuits étoilées

promettaient une liberté

que n’utilisait guère que les oiseaux migrateurs

en route pour leur hivernage.

 

Quand à l’eau, source de vie,

elle était présente et absente.

Partout on entendait le grondement de l’océan,

ses puissantes vagues

qui claquaient contre les rochers.

Mais cette eau là, salée

pouvait être ennemie.

Heureusement, il y avait les sources, les puits.

 

Il fallait, tous les matins

harnacher l’âne, le charger de bidons

et aller faire provision d’eau douce.

Amina aimait cette corvée qui n’en était pas une pour elle !

Rêveuse , elle partait, chaque jour, pour une promenade qu’elle voulait enchantée !

Tout était prétexte à joie et bonne humeur :

Un oiseau sur une branche qui poussait sa chansonnette,

un bouvier occupé à rouler sa bille,

un lézard gecko à gorge verte qui s’enfuyait à son approche !

Et depuis peu, son secret !

Une chienne qui l’attendait sur le sentier,

à qui elle apportait un morceau de pain.

Chienne, couleur de sable qui jappait à son approche,

Chienne sauvage, qui s’était laissée apprivoiser sans difficulté.

Elle ne pouvait la ramener au village, il n’est pas dans les coutumes

d’avoir un animal pour le plaisir !

Alors chaque matin,

Amina glissait un croûton

dans sa poche

et allait vers son rendez-vous !

Chaque matin, Aziza, c’est ainsi qu’elle avait nommé l’animal,

Aziza l’attendait et l’accompagnait.

Elles se connaissaient depuis quelque temps et la chienne lui faisait fête !

Elles jouaient ensemble.

 

Amina, qui n’était pas peureuse, se sentait en sécurité auprès d’elle.

Quand les garçons voulaient s’approcher pour la taquiner

Aziza montrait les dents et tout le monde s’enfuyait !

Au village, ses parents, ses frères, personne n’était au courant de cette relation.

Comme tous, ils avaient peur des chiens,

qui souvent transportent la rage et sont dangereux.

Un jour, moins attentive que d’habitude,

perdue dans ses pensées,

elle ne vit pas,

 sous la pierre qui avait roulée sous les sabots de l’âne,

le scorpion qui dressait sa queue,

et se croyant menacé piqua la cheville de la petite fille.

Elle poussa un cri de douleur.

 

Aziza apparût et lécha la jambe de l’enfant qui ne pouvait marcher.

Une conversation inaudible eut lieu,

du regard  la petite fille et de l’animal se comprirent.

Aziza mordillant les mollets de l’âne,

lui aboyant aux flancs,

 le ramena au village.

Voyant arriver l’animal, les bidons vides,

sans la petite fille,

 tout le monde s’inquiéta.

La chienne aboya tant et tant,

 que le père d’Amina la suivit.

 

Il trouva sa fille, assise sur une pierre,

la prit dans ses bras et la porta au village.

Le guérisseur lui appliqua des herbes soigneusement choisies,

la chienne la consola

et quelques jours plus tard, l’enfant put reprendre ses promenades.

Mais quelque chose avait changé !

 

Aziza, devenue sa protectrice,

était connue et adoptée par tout le monde.

Désormais elle pouvait circuler librement.

Tout le monde

 la connaissait, la nourrissait et la choyait !

Mais ce qu’elle préférait par dessous tout ,

C’était se faufiler sur le lit d’Amina et se lover contre elle,

Afin que nul n’approche !

Personne n’osait la chasser :

N’était-ce pas grâce à elle

qu’Amina avait pu être sauvée

du poison de la bête maléfique!

 

Et la chienne et l’enfant

 poursuivirent longtemps

cette amitié

si peu commune dans cette oasis du désert !

 

Nicole  (coste47)

 

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