Le Noël du Père Noël
Cétait
un jour à ne pas mettre un chien dehors. La neige tombait dru depuis de longues heures. Des flocons sinfiltraient sous la porte et le vent passait par les châssis qui nétaient plus de première jeunesse. Le Père Noël boutonna sa chemise jusquau dernier bouton en faisant une grimace car avec lâge, son cou sétait quelque peu ratatiné. Il passa un chaud tricot de laine et ajouta par-dessus un gilet quil boutonna également. Il enfila des chaussettes bien épaisses et chaussa ses bottes fourrées. Enfin, il se drapa dans son ample manteau de drap rouge et noua soigneusement son écharpe. Il prit sa paire de gants fourrés et pareillement harnaché, il se regarda dans le miroir accroché dans lentrée. -
" Tout le monde dit que je suis gros, pas
étonnant avec autant de couches - je ressemble à un
oignon " Au lieu de le faire rire, cette
réflexion eut le don de lagacer un peu plus. Le Père Noël sortit de sa maison. Son renne Ferdinand lattendait depuis de longues minutes. Il avait les naseaux gelés et ses yeux pleuraient. Le froid était si vif que les patins du traîneau ne voulaient pas se décoller du sol. Après une vérification sommaire de tous les paquets, léquipage se mit en route. Bien que de
fort méchante humeur, le père Noël entonna son cri
" Oh, oh, oh ! " et les
clochettes se mirent à tintinnabuler. Il sadressa
à Ferdinand : Il avait à
peine prononcé cette dernière phrase quil arriva
à la première maison de sa tournée. Les parois du toit
étaient particulièrement abruptes et la glace les avait
rendues aussi brillantes quun miroir. La cheminée
nétait pas très large et Ferdinand se demandait
comment le Père Noël allait pouvoir pénétrer à
lintérieur. Timidement, il se hasarda : Le Père Noël
enjamba le rebord et commença à descendre. Il ne put
pénétrer que jusquà la taille car avec un gilet
en plus, le conduit était bien trop étroit pour lui. Il
essaya en vain de respirer, de ne pas respirer, de se
tirer, de se tordre dans tous les sens ... Rien. Il ne
bougea pas dun millimètre. Déjà des braises
atteignaient la semelle de ses bottes. Elles se mirent à
roussir en dégageant une épaisse fumée qui le fit
tousser. Ferdinand sapprocha et poussa tellement
fort que le père Noël et ses cadeaux furent propulsés
vers le bas tels un boulet de canon. Le Père Noël se
retrouva dans le salon couché sur le dos au beau milieu
des cadeaux. En bougonnant, il remplit les souliers des
enfants de tous les présents quils avaient
demandés et remonta avec beaucoup deffort le long
du conduit en se disant que lan prochain Noël
devra véritablement être à un autre moment. Arrivé
sur le toit près de Ferdinand, il lui dit : Les mois passèrent bien vite et le mois de juillet pointa son nez. Le Père Noël plus affairé que dordinaire ne vit pas les jours passer. Le Père Noël avait fait en six mois le travail quil effectue dordinaire en une année entière et il navait pas pris beaucoup de repos. Le soir du 24 juillet, il demanda à Ferdinand de sortir le chariot à roues. Il ne pouvait pas utiliser son traîneau puisquil ny avait pas de neige... Il rentra pour se préparer. Tout dabord, il entreprit de se raser. La barbe, cest bien lhiver pour avoir chaud mais lété, rien de tel quun bon rasage de frais. Il enfila un jeans, prit dans son armoire son plus beau tee-shirt et chaussa une paire de sandales en cuir. En passant devant le miroir de lentrée, il ne put sempêcher de se trouver très bien. Il était très à la mode, très mince et dune humeur excellente. Cétait pensait-il une excellente idée davoir changé la date de la fête de Noël. Il sortit de sa maison. Son renne Ferdinand lattendait depuis de longues minutes. Après une vérification sommaire de tous les paquets, léquipage se mit en route. Le père Noël entonna son cri " Oh, oh, oh ! " Ils arrivèrent sans encombre à la première maison de la tournée. La cheminée était toujours aussi étroite mais il sy engouffra sans aucun effort. Il se mit bien vite à éternuer à cause de la suie restée dans le conduit et aussi de ses narines qui nétaient plus protégées par sa moustache. Une fois dans la pièce, il resta très étonné. Rien nétait comme dhabitude. Pas de petits souliers alignés devant la cheminée, pas de sapin de Noël, pas de décoration et surtout pas de petit verre de goutte ni de morceau de bûche de Noël à son intention. La maison était déserte, comme abandonnée. " Mais ce nest pas possible, pensa le Père Noël, ils nont pas pu me faire ça ! à moi ! Ils sont partis en vacances ". Il reprit ses cadeaux et remonta sur le toit où le renne lattendait. Il
nétait pas en très bonne compagnie, le renne
Ferdinand. Des moustiques tournaient tout autour de lui,
sarrêtant de ci, de là pour le piquer un peu. Il
nétait pas de très bonne humeur et lorsque le
Père Noël apparut, il se mit à se plaindre : Ils firent le tour des maisons mais cétait partout la même chose. Soit, les gens étaient en vacances, soit les enfants ne dormaient pas à cause de la chaleur. Par trois fois, le Père Noël faillit être vu et même la dernière fois, les parents crurent quun voleur était entré dans la maison et appelèrent la police. Le Père Noël grimpa sur son chariot à roues et senfuit en direction de sa maison. Il allait tellement vite que les cadeaux tombèrent les uns après les autres. Furieux de cette mésaventure, le Père Noël jura quon ne ly reprendrait plus. Le soir du 24 décembre, il sortit comme dhabitude dans la nuit glacée. Il avait pris ses gants, son gros gilet, sa chemise boutonnée jusquau dernier bouton et son ample manteau de drap rouge. Bien quil fasse plus froid que dhabitude, le Père Noël némit aucune plainte. Le toit de la première maison était toujours aussi pointu et aussi lisse, la cheminée aussi étroite. Il eut bien des difficultés à se laisser glisser jusquen bas mais il y parvint. Les petits chaussons étaient alignés devant la cheminée. Un sapin magnifique éclairait la pièce et une multitude de décorations rendaient ce lieu féerique. Il y avait sur la table un petit carton avec écrit en grosses lettres dorées : " POUR LE PERE NOËL " et juste à côté, un belle portion de bûche de Noël et un petit verre de goutte. Il trouva également une lettre tellement gentille quen la lisant, il sentit les larmes lui monter aux yeux. " Mon
cher petit papa Noël, La remontée lui parut facile. La suie nentra pas dans ses narines car sa moustache avait repoussé Arrivé sur le toit, Ferdinand ne le vit pas arriver. Il fixait une étoile brillante en rêvant... -" Tu sais, dit-il à son renne, cest merveilleux un Noël en décembre. Jamais je ne voudrais distribuer mes cadeaux à un autre moment." Et comme pour lui dire quil avait raison, toutes les cloches des environs se mirent à carillonner et une étoile filante passa au-dessus de la cheminée étroite. |