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Le nom fée vient du mot latin fata
qui se disait originairement pour Parque (fatum
signifiant destin). Les fées du moyen-âge appartiennent
à un genre de divinités secondaires païennes qui ont
survécu au paganisme et que le peuple a mêlées aux
croyances du christianisme. On y rencontre à la fois des
survivances de la mythologie latine, celtique et
germanique. Au fatum des Romains, qui s'était
morcelé en un grand nombre de personnes divines, Tria
Fata, les trois Moires ou Parques des
Grecs, qu'on retrouve au IVème siècle dans Ausone et au
VIème siècle dans Procope, ont emprunté l'influence
qu'elles avaient sur la destinée de l'homme et les dons
bons ou mauvais qu'elles lui imposaient dès le berceau.
Aux matres ou matronae, divinités qui
apparaissent si souvent dans les inscriptions
gallo-romaines, elles doivent le caractère,
généralement bienveillant pour les hommes, qu'elles ont
au moins chez les populations qui ont été longtemps en
contact avec les Romains. Elles devinrent dures et
méchantes lorsqu'elles s'allièrent aux n'ornes,
ces lugubres parentes des Parques, chez les peuples
germaniques et scandinaves, qui importèrent tout un
panthéon de nains : trolls, gnomes, kobolds et
aussi d'elfes, nixes, ondines, pixies, etc.
Les gaulois eurent les saynettes qui habitaient
l'île de Sayne, sur la côte des Osismiens, auxquelles
on attribuait le pouvoir d'exciter les tempêtes et de
guérir les maladies ; on les connut en Ecosse et en
Irlande sous le nom de fairies, de water-elven
ou de daonie-see ; en Angleterre, on les appellera Klabbers
ou tylwith teg ; en Allemagne, alfen, kobold
ou stille-volk ; les Arabes et les Persans
avaient des fées nommées féris, dives et
djinors. En Flandre, on connut les withe-wroukin
(dames blanches), fées malfaisantes qui épiaient les
voyageurs pour les entraîner dans leurs demeures
souterraines ; en Danemark, les fées sont les nokka,
musiciennes nocturnes des forêts et des eaux ; en
Russie, les duegar. Il faut remarquer que ces
produits de l'imagination humaine sont malins et
méchants dans tous les pays où la nature est avare de
ses dons : pays froid, de montagnes, de nuages, comme la
Scandinavie, l'Irlande, l'Écosse ; au contraire, ils sont
doux et bienfaisants dans les pays méridionaux, où la
nature est riante et la vie relativement facile.
Les
littérateurs prolongèrent le règne des fées en les
introduisant dans leurs récits. Au moyen âge, dans les
romans d'Arthur et de la Table ronde, de
Charlemagne et de ses paladins, d'Ogier le Danois,
Viviane, Morgane, Mélusine, sont appréciées des
poètes. Quelques grandes familles adoptèrent certaines
d'entre elles comme protectrices. En se rapprochant des
hommes, elles en ont pris les passions, et il n'était
pas rare qu'elles s'éprissent d'un beau chevalier, voire
d'un simple manant. La renaissance n'eut garde de les
mettre en oubli ; elles revivent dans le Roland
amoureux, de Boiardo, dans le Roland furieux,
de l'Arioste, dans la Reine des fées, de Spencer,
dans le Songe d'une nuit d'été, de Shakespeare,
dans la Jérusalem délivrée, de Tasse, etc. En
France, les fées n'ont jamais été délaissées ; elles
apparaissent, jusqu'au grand siècle, pimpantes,
piquantes, réalisant des prodiges d'un coup de leur
baguette magique, parées à la française dans les Contes
de Perrault.
En musique,
le mot fée a servi de titre à de nombreux
opéras ou opérettes. Parmi les meilleurs oeuvres, nous
citerons la Fée Urgèle, opéra-comique en quatre
actes, paroles de Favart, musique de D'uni, représentée
à la Comédie-Italienne, le 4 décembre 1765 ; la
Fée aux roses, opéra-comique en trois actes,
paroles de Scribe et de saint-Georges, musique d'Halévy,
représenté à l'Opéra-Comique le 1er octobre 1849 ; la
fée Carabosse, opéra-comique en trois actes,
paroles de Cogniard, musique de V. Massé, représenté
au Théâtre-Lyrique, le 28 février 1859 ; les Fées,
opéra, paroles et musique de Richard Wagner,
représenté après la mort de l'auteur, le 29 juin 1888,
sur le Théâtre Royal de Munich ; la fée aux
chèvres, opérette féerique en trois actes et
quatre tableaux, paroles de Paul Ferrier et Albert
Vanloo, musique de Louis Varney, représenté à la
Gaîté, le 18 décembre 1890.
En
psychologie, les contes de fées sont les archétypes de
notre inconscient collectif. Les mythes appris dès la
prime enfance nous hante durant l'âge adulte avec
quelquefois des résultats surprenants. Il y a en chacun
de nous un personnage de conte de fées. Le connaître
aide à rendre le quotidien bien moins banal.
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