Conte anglais
Un
tout petit garçon était assis aux pieds de sa mère, près d'une
porte-fenêtre qui donnait sur le jardin. On était en automne, et le
vent soufflait tristement et faisait courir les feuilles sèches couleur
d'or sur le gravier du chemin et sur l'herbe de la pelouse.
La maman tricotait une petite chaussette; les aiguilles faisaient clic, clic, dans ses doigts, mais ses yeux regardaient le ciel rendu tout rouge par les rayons du soleil couchant. Le petit garçon appuya sa tête contre les genoux de sa maman, et se tint si tranquille qu'à la fin elle pencha la tête pour voir s'il dormait. II ne dormait pas; il regardait attentivement un buisson de ronces qui agitait ses longues branches couvertes de feuilles rouges de l'autre côté de la barrière. - À quoi penses-tu, mon chéri ? demanda la mère. - Regarde le buisson de ronces, maman. Qu'est-ce qu'il dit ? II me fait : bonjour, bonjour, par-dessus la barrière; qu'est-ce qu'il dit ? - Ce qu'il dit ? répondit-elle. II dit : « J'aperçois un heureux petit garçon, dans une jolie chambre, éclairée par un bon feu. Ici, dehors, il fait froid et sombre, mais, là où est le petit garçon, il fait chaud et clair. Je lui dis : bonjour, bonjour, et il me regarde. Je voudrais bien savoir s'il sait combien il est heureux! L'hiver. « ... Voyez, mes
feuilles sont toutes rouges. Tous les jours, elles se sèchent et elles
tombent, et bientôt la bise les aura toutes jetées à terre. Alors la
neige viendra me couvrir... et puis, elle s'en ira. aussi, et mes
branches « dépouillées seront battues par la pluie et le vent. Le printemps. « Mais j'attendrai
très patiemment. Je supporterai la neige, et la pluie, et le froid, car
mes racines sont bien au chaud dans la terre, et mes bourgeons dorment
dans leurs petits berceaux bruns. L'été. « Encore quelques semaines. Les petites fleurs blanches et roses sont toutes tombées, et voici les mûres qui paraissent toutes petites et vertes. Je les étale tout le jour au soleil et, la nuit, je recueille la rosée; lentement elles mûrissent, elles deviennent grosses; d'abord rouges et dures, puis toutes noires, brillantes et délicieuses! Je les garde pour le petit garçon qui vient en dansant les chercher. II les cueille et les met dans sa petite main, et puis, il court vers sa maman, en disant : Vois ce que le patient buisson de ronce a fait mûrir pour moi! Goûte comme elles sont bonnes, maman! L'automne. « Ah! alors je suis content et si je pouvais parler, je dirais : Oui, cher petit, prends-les. Je les ai fait mûrir au soleil et à la pluie; et je remue la tête avec satisfaction, car mon travail est fini. De la fenêtre, le petit enfant me regarde et pense «- Voilà le buisson de ronces qui a été si bon pour moi ! Je le vois et je l'aime. Je sais qu'il est tranquille là dehors, tout seul, et que l'année prochaine il me donnera encore de belles mûres noires et sucrées! Alors le petit garçon sourit, et dit qu'il aimait cette histoire. Sa maman le prit dans ses bras et l'emporta à la salle à manger pour dîner, et le vieux buisson de ronce, resta tout seul dehors, disant bonjour, bonjour, à tous les passants, et sans doute il y est encore. D'après CELIA THAXTER, Stories and Poems for children. |